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Discours du Premier ministre Apollinaire Kyélem : réactions de quelques députés

Le Premier ministre a fait le point sur la situation nationale devant les députés le mardi 30 mai 2023. La crise sécuritaire et humanitaire a largement dominé son discours. Le chef du gouvernement se veut rassurant quant à des avancées significatives enregistrées sur le terrain de la reconquête. Le Premier discours de Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela est clair mais les attentes de la Représentation nationale sont nombreuses. Lisez-plutôt la réaction de quelques députés.

Député Moumouni Diarra, représentant de la jeunesse : C’est un discours assez ambitieux, qui, dans son fond, il tient compte des préoccupations du moment, c’est à dire la situation sécuritaire, humanitaire, et plusieurs autres aspects. Pour nous, en tant que représentant des jeunes, nous avons trouvé qu’il y a aussi un certain nombres d’éléments à parfaire. Notamment la question épineuse de l’éducation, la formation et l’emploi des jeunes. Parce que quand vous prenez le cours de l’histoire et surtout de l’instabilité politique et institutionnelle dans notre pays, cela était engendrée du fait que les jeunes ont été marginalisés. Et du fait que les jeunes ont des préoccupations légitimes qui ne sont pas pris en compte. Pour preuve, l’insurrection de 2014 et les quatre coups d’Etat qui ont suivis. C’est pourquoi nous pensons aujourd’hui qu’il faut trouver une réponse adéquate pour ne pas reporter la question aux partis politiques, parce que nous sommes dans une période neutre.

Ce que nous voulons que le Premier ministre fasse pour les jeunes, c’est de percevoir sur l’exploitation minière, un pourcentage qui pourrait revenir exclusivement à un Fond pour l’éducation, la formation et de création d’emploi pour les jeunes, pour épurer ce lot de chômeurs et de jeunes en souffrance. Deuxièmement, c’est d’établir une gouvernance intergénérationnelle, pour permettre aux anciens de mettre en œuvre leur sagesse et leur expérience. Cela, pour permettre aussi aux jeunes de mettre en marche leur énergie et leur créativité.

Je pense que ce sera la plus bonne manière et la meilleure manière pour avoir une gouvernance équilibrée, qui tient compte de toutes les sensibilités sociales. A ce qui concerne la fédération Burkina-Mali-Guinée, M. Diarra dit que son souhait est que cette ambition des autorités de ces trois pays, réussisse. Tout notre souhait est que les pays africains puissent arriver à une union. C’est vrai qu’il faut commencer quelque part, on verra bien mais notre souhait, est que ça réussisse en tenant compte des préoccupation et les réalités du peuple burkinabè et de l’intérêt de notre pays.

Député Souleymane Ouédraogo, représentant des personnes vivant avec un handicape : Le discours du Premier ministre qui intervient 6 mois après son discours de politique général, est une mise au point des efforts du gouvernement dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, mais aussi les efforts du gouvernement dans le domaine du développement de façon générale.

Le chef du gouvernement nous a rappelé le train de l’histoire. Cela veut dire qu’il est en train de trier avec son gouvernement et le Capitaine, le président Ibrahim Traoré, une nouvelle page de l’histoire du Burkina Faso. Une nouvelle page marquée par une volonté d’aller au changement. A ce titre, il y a un certain nombre d’actions qui sont prises, et les plus fondamentales, ce sont celles qui consistent à libérer le territoire des attaques terroristes, et ramener la paix aux Burkinabè. C’est aussi entreprendre des actions qui permettent d’engager des chantiers de développement qui respectent la souveraineté de notre pays et la volonté du peuple. Je pense qu’il y a un certain nombre de mesures qui sont prévues ou en vue d’être prises, pour faire en sorte que le Burkina Faso puisse véritablement voler de ses propres ailes.

Au niveau des partenariats aussi bien militaire, comme le développement de façon générale, le ministre a estimé qu’au regard des difficultés constatées par le passé à avoir des partenariats fructueux avec certains partenaires traditionnels, le Burkina Faso a envisagé de diversifier ses partenariats. Et un certain nombre de pays ont été visités, et ces pays se sont engagés à collaborer avec le Burkina Faso dans tous les domaines.

Donc le discours nous rassure et les réponses apportées à nos questions sont des réponses convaincantes, des réponses qui ne sont pas teintées de politisation ou  de populisme. Ce sont des réponses véritablement sincères et nous ne pouvons que l’encourager à poursuivre ces actions.

Député Diallo Ousmane, représentant : Du point de vue de la forme, nous avons trouvé que c’est un discours assez bien élaboré, assez bien structuré quand vous le comparez aux discours des anciens Premiers ministres qui ce sont succédés, c’est plus digeste. Du point de vue du contenu, on constate qu’il a répondu aux différentes préoccupations qui s’étaient posées. Il a expliqué aux différents segments de notre société,  qu’est ce qui est fait et qu’est ce qui sera fait. Pour la question de l’organisation des élections, le Premier ministre a dit que si demain le problème de l’insécurité est réglé, qu’il n’y a pas de problème à aller aux élections. Mais tant que le problème de l’insécurité n’est pas réglé, il n’est pas assez facile de parler des élections parce qu’aujourd’hui, on a une partie de notre territoire qui n’est pas sous notre contrôle.

Et donc on ne peut pas faire en sorte qu’une partie du peuple puisse voter et une partie ne vote pas. Je partage totalement ce point de vue.

Député Arnaud Tindano, représentant du genre, de la santé de l’action sociale et humanitaire : le discours du chef du gouvernement est un discours engagé, empreint de patriotisme, et une volonté manifeste pour conduire le pays vers de nouvelles horizons. C’est un discours que nous encourageons. Mais comme nous l’avons déjà dit dans nos interventions, nous demandons tout simplement à ce qu’il y ait un accroissement des mesures dans certains domaines, afin de faire percevoir encore l’action du gouvernement sur le terrain. Quant à la question sécuritaire, il y a nulle doute que le gouvernement pose des actes concrètes, afin de venir à bout de ce fléau.

Députée Brigitte N. Zoungrana, représentante des OSC: L’exposé du Premier ministre est assez incomplète parce qu’il n’y a pas mal de zone d’ombre qu’il a survolé. Sur le volet humanitaire, le Premier ministre a dit qu’il y a plus de 125 000 personnes déplacées internes (PDI) qui sont retournées dans leurs localités d’origines.

C’est déjà une bonne nouvelle mais c’est trop peu par rapport au nombre de PDI qui sont chiffrées à deux millions.

Drissa Sanogo député à ALT : De façon générale, nous avons apprécié le discours mais au fond, il y a des petits manquements que nous avons constaté. Le discours est rassurant, mais à quelque part, il faut joindre l’acte à la parole. En matière de 100 000 recrutement de VDP, alors qu’il y a des VDP qui n’ont pas de matériels, Drissa. Il faut toujours consolider l’acquis. Tous les VDP qui ont reçu des formations devraient être équipés convenablement. Sur le plan diplomatique, les choses ont avancé. Moi personnellement, j’ai constaté que l’armée est montée en puissance. Nous constatons la présence de l’armée dès qu’il y a attaque quelque part. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Quoi qu’on dise, il y a une grande partie qui est restée sans la présence militaire. Pour moi, le Capitaine Ibrahim Traoré reste un burkinabè et il n’a pas intérêt à échouer.

Députée Marie Tiendrebéogo : J’ai une appréciation positive du discours sur la situation de la nation. Nous avons vu que beaucoup de chose ont été faites malgré la situation de crise que nous vivons et aujourd’hui, nous sommes satisfaits de ce qui a été fait sur le terrain. Ma question portait sur la stratégie de relèvement des PDI qui étaient retournés chez eux. Là, le Premier ministre a fait savoir que ce relèvement a été pris en compte par le gouvernement à travers beaucoup d’actions dont les activités rémunératives de revenu pour les femmes. Sur le plan sécuritaire, la peur a changé de camp, l’armée est vraiment montée en puissance.

Wilfrid Prosper Bako, député représentant des partis politiques : J’étais un peu mitigé par rapport à ce que j’ai entendu. C’est vrai qu’un grand effort a été consenti par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de l’axe 1 de la Charte de la Transition, notamment, assurer la sécurité et pourvoir remettre le pays dans son intégrité. Pour les autres aspects, je peux dire que des choses sont en train d’être faites mais ce n’est pas suffisant. J’ai déploré le fait que le discours n’a pas pris en compte les six axes de la Charte de la Transition. Parce qu’on devrait avoir un discours construit autour des six axes pour nous permettre de faire le bilan de ce qui devrait être fait, de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire. Il faut aussi reconnaitre qu’il y a eu de propos qui ne rassemble pas les Burkinabè. Et ce n’est pas de nature à faciliter les choses. Devant une Représentation nationale, l’effort devrait être quand même fait par le chef du gouvernement dans le sens d’appeler tous les fils et filles de ce pays à l’unisson afin que chacun puisse apporter sa contribution dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et participer au retour de la paix dans notre pays.

Qu’on le veuille ou pas, aujourd’hui les Burkinabè sont divisés entre eux, mais ils ne sont pas des ennemis. Il y a des choses qui les divisent, ils ont besoin de se parler, de se comprendre et d’aller dans la même direction pour des questions d’intérêt national. Ce ne sont pas des choses qui sont négociables.

Nous sommes obligés de travailler main dans la main sur ces questions pour pouvoir rétablir la paix dans notre pays et revenir discuter des stratégies politiques et aller vers l’électoral. Autre élément, c’est le point six de la Charte qui concerne l’organisation des élections. Le Premier ministre a été suffisamment clair là dessus. On sent qu’il n’y a pas cette volonté d’aller vers les élections. Le prétexte de la sécurité qui est avancé pour ne pas penser à poser déjà des actes préparatoires des élections nous pose un problème. Il y a la volonté, et il y a ce que le terrain commande. La CEDEAO nous a permis quand même d’avoir un accord qui nous permet de remodéler le calendrier en fonction. Malheureusement, nous n’avons même pas un calendrier. Donc, l’accord dynamique obtenu avec la CEDEAO devient difficile à mettre en œuvre. Il faut bien qu’il y est un calendrier pour que le compromis dynamique puisse s’appliquer. 

Propos recueillis par Jeanne Z. LAYA

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