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Cohésion sociale au Burkina Faso : « on peut faire la réconciliation sans la justice…», Hermann Yaméogo

A l’occasion du déjeuner de presse qu’il a organisé le mercredi 21 septembre 2022, le président de l’UNDD a donné sa lecture sur la question de la réconciliation nationale. En outre, avec les journalistes, il a plaidé la libération des prisonniers et le retour des exilés politiques ainsi que la réintégration des militaires et policiers radiés.

Sur la question de la réconciliation nationale, Hermann Yaméogo a laissé entendre qu’elle est multidimensionnelle et ne saurait être limitée aux seuls acteurs politiques. Pour lui, la réconciliation est plus large et concerne des générations, des communautés, les corps dans l’armée et beaucoup d’autres domaines où on sent des décohésions, des ruptures d’harmonie et il faut des réconciliations pour que tout reparte.

« C’est une erreur que j’impute au régime Kaboré d’avoir engagé en même temps les principes de la réconciliation en les basant sur la justice traditionnelle. C’est une erreur qui n’est pas sans calcul. Parce que la justice traditionnelle ne peut pas dans une société qui est frustrée, divisée qui a besoin de s’unir ne peut pas réconcilier, elle ne veut rajouter des condamnations à des condamnations, elle vient aggraver des situations », a déploré Hermann Yaméogo. Raison pour laquelle, l’UNDD a demandé que si on veut aller à la réconciliation, il faut une justice transitionnelle.

« Si on veut coûte que coûte allier la réconciliation et la justice – ce qui n’est pas obligatoire – parce qu’on peut faire la réconciliation sans la justice, mais si on veut allier les deux, il faut aller vers la justice transitionnelle », a-t-il expliqué.

Pour Hermann Yaméogo, la justice transitionnelle sort des cadres contraiyant de la justice classique. « Elle cherche la vérité, elle fait parler les gens sans l’idée de la répression et de la condamnation, elle cherche l’aveu, elle cherche le pardon. On connaitra la vérité et on pourra aller vers la réconciliation », a-t-il soutenu.

Et de rappeler que l’UNDD n’est pas contre la justice cependant, il faut la classer dans le cadre de la justice transitionnelle.
Hermann Yaméogo a salué, dit-il, le courage du président Damiba pour avoir étendu la question de la réconciliation jusqu’à l’armée. « Jamais avant lui, un président n’a jamais osé reconnaitre qu’il y avait des problèmes de cohésion au sein de l’armée. Il l’a reconnu et cela m’a ému », s’est-il réjoui.

Selon lui, la réconciliation de l’armée doit aller jusqu’au père de l’armée, « il faut se réconcilier avec Maurice Yaméogo qui a créer l’armée et aprsè 1966, depuis le coup d’état c’est comme s’il y avait eu un parricide et une déconnexion avec lui. Et la réconciliation ne peut se faire sans une reconnexion avec lui », a conseillé le président de l’UNDD.

A l’occasion de ses échanges avec les hommes de médias, Hermann Yaméogo a plaidé la liberté pour les prisonniers, le retour des exilés politiques et les militaires radiés.

« C’est important que les exilés reviennent, ça sera un acte humanitaire. En plus que ces personnes ont encore des relations internationales qui peuvent aider à résoudre la crise que nous vivons. C’est important qu’ils reviennent » a suggéré Hermann Yaméogo.

Concernant les radiés, il a indiqué qu’en leur sein, il y a des personnes qui peuvent aller au front et aider à combattre l’ennemi. « Il y a aussi ceux qui sont à la Maison d’arrêt et de correction de l’armée. Il y a des gens très compétents, qui ont reçu des formations et qui ont fait des missions à l’étranger et sont aguerris. C’est inimaginable, je n’ai jamais vu une gestion de cadres comme cela. Si on pensait d’abord à la souffrance de la population et aux gens qui meurent, on pourrait faire venir de tels renforts pour aider les jeunes qui meurent front. Non, on laisse les gens moisir en prison sans apporter leur contribution à l’effort commun. Où est ce qu’on a vu cela ? », s’est interrogé Hermann Yaméogo. Et de renchérir « dans certains pays, on a vu des gens qui ont égorgés, qui ont tués, qui ont commis des crimes innommables, mais lorsqu’il y a un danger pour la nation, on les libèrent et on les met au service de la nation ».

A ce sujet, il a demandé plus d’humanité dans le traitement du dossier de l’ancien président Blaise Compaoré. « On ne doit pas exploiter politiquement Blaise Compaoré. Je voudrais qu’il revienne et qu’il retourne au village au plutôt. J’aurai préféré qu’en venant au Burkina Faso, qu’il ait la grâce ou l’amnistie », a plaidé le président de l’UNDD.

Anna Ouédraogo
Afrikpresse.com

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