Burkina : Portrait : Bassolma Bazié, ou le général des travailleurs
Natif de Koukouldi dans la province du Boulkiemdé, Bassolma Bazié, orateur hors pair pour les uns, << le général de frappes churgicales et stratégiques >> pour les autres, ce syndicaliste, démissionnaire de son poste de professeur de sciences de la vie et de la terre, ne laisse personne indifférent. Le site en ligne www.afrikpresse.com a retracé l’itinéraire de ce personnage atypique et courageux qui ne mâche pas ses mots à l’endroit des autorités de son pays.
Inconnu du grand public, Bassolma Bazié avance pourtant dans l’ombre de grands hommes depuis plus de dix (10) ans. C’est à Fada N’gourma, à son poste de secrétaire général de la section de la Fédération des syndicats Nationale des travailleurs de l’enseignement et de la recherche ( F-SYNTER) qu’il fait ses premières armes. De 2007 jusqu’à sa démission en 2021, ce « syndicaliste de la première heure » fut professeur certifié en sciences de la vie et de la terre (SVT) dans plusieurs lycées du Burkina Faso.
Il s’agit notamment du lycée Diaba Lompo de Fada-N’Gourma, au collège d’enseignement général de Kordié, le lycée départemental de Ténado, les lycées Marien N’Gouabi et lycée Philippe Zinda Kaboré de Ouagadougou.
À peine qu’il ait obtenu ses diplômes de DESS en techniques de l’environnement option minière, et de Master II en Management des relations de travail et de gestion des organisations, il est secrétaire général de la CGT-B en 2014 après le départ de Tolé Sagnon. Une responsabilité qui va le hisser dans les plus hautes sphères des dialogues entre le gouvernement et le syndicat.
L’enfant terrible de Koukouldi, en conflit ouvert avec son proviseur du lycée Philippe Zinda Kaboré, est finalement convoqué en conseil de discipline.
Il va, à la suite de cette épisode, remettre sa démission à son ministère de tutelle. Doté d’un parcours exemplaire, ce militant a en effet gravi les échelons de la CGT-B jusqu’à se faire élire secrétaire national.
Mais, c’est donc à présent hors de la CGT-B qui l’a vu grandir que Bassolma Bazié évolue. Du centre culturel Yilo de koukouldi auquel il s’est consacré, M. Bazié a rejoint l’Initiative de soutien au peuple malien (ISPM) en janvier 2022 pour en devenir le porte-parole. Le jeune père de famille mettait toute son énergie au service de la confédération en se disant << la lutte pour la dignité doit se poursuivre >>.
À la fois compétent, fidèle et humble, ce fonctionnaire démissionnaire de la CGT-B reste droit dans ses bottes. Le <<général >> comme le surnomme ses camarades, dit ne pas regretter son engagement pour la défense des intérêts des travailleurs.
Une puissance dans la mobilisation
Celui qui fut professeur de sciences de la vie et de la terre au lycée Philippe Zinda Kaboré est apprécié dans son sens du professionnalisme et de la mobilisation des travailleurs. L’on se souvient de ses paroles pour mobiliser ses camarades contre l’adoption de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) : << On va faire des frappes chirurgicales précises et stratégiques >>.
Actuellement, Bassolma Bazié est nommé ministre de la fonction publique. Quels liens a-t-il gardé avec ses anciens camarades de la CGT-B ? Si une grande partie de ces travailleurs rêvent de le voir à l’oeuvre, d’autres, par contre, doutent sur la marge de manœuvre pour la cause de ses anciens camarades de lutte. Celui qui a critiqué les conditions de vie et travail, et la précarité du travailleur burkinabè, passe au pied du mur comme maçon. Et si Bassolma Bazié parle si bien de la situation précaire, c’est dû au fait qu’il soit proche et à l’écoute des couches vulnérables. A cet effet, pendant la crise du COVID-19, il dira que « ce qui tue et frappe nos populations, c’est la coronamisère, ce n’est pas le coronavirus ».
Achille ZIGANI
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