Burkina Faso : Ablassé Ouédraogo plaide pour le retour de l’ex président Blaise Compaoré
Ceci est une lettre ouverte de Ablassé Ouédraogo, président du parti « Le Faso Autrement » adressée au Chef de l’Etat, le Capitaine Ibrahim Traoré.
Excellence,
J’ai l’honneur de vous adresser la présente requête à titre social, humanitaire et fraternel. Ma démarche s’inscrit dans le comportement de l’être humain normal et honnête que je suis et qui rejette l’ingratitude et la méchanceté envers un Homme, un Frère, qui même s’il n’a pas tout réussi dans la vie à la satisfaction de tous, a quand même contribué comme, il le pouvait à la construction de son pays. J’ai cité l’ancien Président Blaise Compaoré qui vit en exil en Côte d’Ivoire depuis le 31 octobre 2014.
D’ailleurs nul n’est parfait comme le souligne cet adage de chez nous qui dit que « Ned Pa Piyé ! Nii saal Ya waii ». Dit en français :« Personne ne vaut dix (10) ! L’être humain n’est que neuf (9).
Excellence,
« Gnoore Ya Saana » qui se traduit littéralement en français littéral par « La mort ne donne pas de préavis » a-t-on coutume de dire. Et c’est vrai.
Au cours de ces dernières semaines, des oiseaux de mauvaise augure n’arrêtent pas de donner l’ancien Président Blaise Compaoré pour mort.
C’est vrai aussi que dans la tradition quand on annonce votre décès alors que vous êtes bien vivant, on dit que vous vivrez encore longtemps. Dans cette logique, prions Dieu le Tout Puissant qu’il accorde à Blaise Compaoré la bonne santé et de longues années de vie encore sur terre et parmi nous.
Djamila Compaoré, la fille de l’ancien Président, a informé l’opinion publique du retour à Abidjan le samedi 10 décembre 2022 de son père à l’issue de son contrôle médical. Ce qui est rassurant.
Auparavant, le mercredi 12 octobre 2022, j’ai eu le plaisir de passer deux (2) heures avec le couple Compaoré dans leur résidence abidjanaise.
A cette occasion j’ai pu moi-même apprécier l’état physique de l’ancien Président Compaoré et j’aime autant vous dire que j’étais loin d’être rassuré et confiant sur sa santé.
Mes craintes et la peur au ventre que j’avais lors de ma visite et par rapport à son état physique préoccupant ont trouvé leurs justifications dans son évacuation organisée sur Doha le 19 novembre 2022 pour un contrôle médical. Et pour qui connaît ce vaillant Officier des Forces Armées du Burkina Faso, grand sportif pratiquant de son état, aurait à juste titre des inquiétudes justifiées, tant il montrait des signes graves de faiblesse. Rappelons que l’ancien Président Blaise Compaoré vit en exil politique en Côte d’Ivoire depuis le 31 octobre 2014, soit plus de huit (8) ans, après l’insurrection populaire qui l’a contraint à quitter le pouvoir.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et le dossier du jugement de Thomas Sankara a été ré-ouvert par le Président de la Transition, Michel Kafando de par « le fait du prince ». Le verdict a été prononcé le 06 avril 2022 et ce fut une délivrance pour le peuple burkinabè et les autres défenseurs de la justice à travers le monde et l’ancien Président Blaise Compaoré a été condamné.
En patriote et en homme d’Etat responsable, il a demandé « pardon ».
Cette demande a été diversement appréciée au Burkina Faso mais de façon générale, le peuple burkinabè pétri de tolérance et de pardon a accepté cette demande formulée par l’ancien Président Blaise Compaoré.
Ceci étant, l’on peut légitiment se poser la question de savoir pourquoi il est toujours maintenu dans son exil en Côte d’Ivoire et que gagne notre pays de cette situation qui perdure contre son gré à l’évidence. Des pays de notre voisinage ont géré des cas similaires et le bénéfice gagné par leurs nations respectives toutes entières est incommensurable pour la paix sociale, la réconciliation nationale et le vivre ensemble convivial.
Fort de ce qui précède, je voudrais appeler à la magnanimité et à l’humanisme de votre Excellence, pour prendre toutes les dispositions idoines inscrites dans vos prérogatives constitutionnelles pour faciliter le retour au pays de l’ancien Président Blaise Compaoré afin qu’il puisse terminer ses vieux jours sur sa terre natale de Haute Volta devenue Burkina Faso.
Ces mesures conservatoires pourront aussi couvrir les autres Burkinabè vivant la même situation.
Ce geste salutaire contribuera certainement à la construction d’un Etat Nation très fort, ce dont le Burkina Faso a besoin pour relever les nombreux défis qu’il affronte en ce moment et au nombre desquels les priorités demeurent principalement la lutte contre l’insécurité, la restauration intégrale du territoire national, le retour des personnes déplacées internes (PDI) dans leurs localités d’origine et la lutte pour donner de meilleures conditions de vie aux populations burkinabè dans la souffrance.
Le Burkina Faso sera construit ou ne le sera pas par l’ensemble de ses filles et fils. Notre pays a besoin de tout le monde et il n’y a aucune main de trop. Tout le monde a sa place et l’œuvre de reconstruction de notre pays est gigantesque pour que l’on se donne le luxe de laisser certains Burkinabè au bord de la route.
« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »
Dr Ablassé OUEDRAOGO
Commandeur de l’Ordre National