Rentrée scolaire au Burkina Faso : inscrire son enfant dans un établissement public un casse-tête chinois pour les parents à Ouagadougou
C’est bientôt la rentrée scolaire, élèves ainsi que parents d’élèves font le tour des établissements afin d’avoir une place. Dans les établissements publics, avoir une place pour son enfant est un casse-tête chinois pour les parents. Une équipe de votre journal en ligne Afrikpresse.com a rencontré quelques parents d’élèves le 7 septembre 2022 pour faire un constat.
Du lycée Bambata en passant par le lycée Marien N’Gouabi de Ouagadougou, le constat est le même. C’est l’heure des inscriptions pour l’année scolaire 2022-2023. Les cours des écoles sont remplies de parents d’élèves et des élèves à la recherche une place. De proviseurs en proviseurs, pas de place pour certains élèves. Un casse-tête chinois pour les parents d’élèves.
Constat !
Pourquoi cet état de fait ? Faut-il donc avoir une connaissance au niveau du personnel administratif afin d’avoir une place pour son enfant dans un établissement public ? Pour trouver des réponses à ces questions, notre équipe de reportage a fait le tour de certains établissements publics de la ville de Ouagadougou pour un constat.
Eh oui ! C’est le constat que nous avons pu faire dans certains établissements publics. Dans les établissements publics à quelques pas de la rentrée scolaire, il faut avoir des connaissances pour avoir la place. Certains parents en témoignent.
Selon madame Lankouandé, un parent d’élève, « c’est grâce à une connaissance que j’ai eu la place en classe de 6e au lycée Bambata pour cette année scolaire 2022-2023. J’étais allée dans d’autres établissements publics, mais ils me faisaient tourner en rond, car je ne connaissais personne dans ces établissements ».
Des places qui se monnayent entre 50 000 à 150 000 FCFA
Le deal des places scolaires constitue un véritable business pour les acteurs de l’éducation à savoir, proviseurs, enseignants, responsables des associations des parents d’élèves et autres. D’après plusieurs témoignages, une place au post-primaire et au secondaire se monnaye à Ouagadougou à entre 50 000 et 150 000 FCFA. Cette pratique prend de l’ampleur à tel enseigne que les parents d’élèves se sont vite rendus à l’évidence qu’il faut bien délier le cordon de la bourse pour s’assurer une place dans les établissements publics tels le lycée Marien N’Gouabi, le lycée Bambata, le lycée Vénégré et bien d’autres.
Tôt le matin dans les kiosques ainsi que dans les « grins » et autres QG, des messages circulent comme de la publicité, « A tous ceux qui veulent des places dans les établissements publics, veillez contacter le… », peut-on entendre dans les discussions. Nous nous sommes donc intéressés incognito à ces discussions avant d’en juger par nous-mêmes sur le terrain.
C’est juste effarant, puisque pour avoir une place dans les classes de 6e, 5e et 4e, les parents d’élèves intéressés doivent déboursée la somme de 100 000 FCFA. Plus ou moins, pour avoir de la place à quelques pas de la rentrée, il faut débloquer une somme d’argent qui souvent dépasse la scolarité.
Témoignages de deux parents d’élèves
« Ma fille n’a pas eu son entrée en 6e, c’est pour cela que je cherche la place. Mais, il y’a un enseignant qui promet m’aider en réclamant 100 000 FCFA, hors mis la scolarité pour une seule personne au lycée Bambata », nous confie madame Compaoré.
Monsieur Kabré, quant à lui, nous fait savoir que pour une place en classe de 4e au Lycée Marien N’Gouabi, on lui demande de donner une somme qui est supérieure à la scolarité.
Si les premiers acteurs, notamment le personnel administratif nient de prime abord la pratique. Mais certaines indiscrétions du milieu trahissent le secret. Pour eux, la vente des places a un avantage comme on en trouve d’ailleurs dans d’autres corps de métiers. Cette pratique est due à la cherté de la vie et leur permet de mettre un peu de beurre dans les épinards.
Un triste constat qu’il faut débourser une somme supérieure à la scolarité pour obtenir une place au « black ». Une corruption qui ne dit pas son nom. Et cela, loin de constituer un soulagement est une autre épine aux pieds des parents d’élèves qui, en plus des frais de scolarité et l’achat des fournitures qui ont connu une augmentation, doivent s’éreinter pour dénicher une place dans un établissement public.
Que faire alors ?
Du côté des parents d’élèves, il faut que l’État burkinabé travaille à mettre fin à ce deal de place dans les établissements publics. Aussi, souhaitent-il que des critères de recrutement des élèves dans les établissements publics soient mis en place et veiller au respect de ces règles.
Rabiatou OUEDRAOGO
Afrikpresse.com