Réconciliation nationale au Burkina Faso : « Nul ne peut imposer le pardon quand les conditions de réalisation de ce pardon ne sont pas remplies », Guy Hervé Kam
Ceci est une Tribune de Me Guy Hervé Kam, coordonnateur du Mouvement SENS publié sur sa page Facebook concernant la question de la réconciliation nationale notamment, le retour de Blaise Compaoré. Pour lui, « Nul ne peut imposer le pardon quand les conditions de réalisation de ce pardon ne sont pas remplies ».
Réconciliation amnésie ou volonté de briser le socle de notre « vivre-ensemble » : appel aux anciens Présidents Roch Marc Christian Kaboré, Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida.
Ça y est ! Ce qui semblait être une rumeur a fini par s’imposer comme une réalité pensée depuis le sommet même de l’Etat.
Il faut le dire, à priori, le retour de Blaise Compaoré est une nouvelle qui serait bonne si et seulement si, il rentrait finalement au pays pour s’assumer, pour assumer ses faits et ses actes devant la Justice. Or, tel n’est apparemment pas le cas. De toute évidence, ce retour s’inscrit dans la perspective d’une pseudo réconciliation qui apparaît comme un plan à imposer coûte que coûte à la Nation.
Il convient de rappeler à qui de droit que ce plan a d’ores et déjà échoué. Car, aucune société ne peut se bâtir, encore moins se relever d’une situation de crises multiformes en se fondant sur l’injustice, les mauvais arrangements politico-claniques qui foulent au pied les règles essentielles de l’Etat de droit et la justice.
« La paix ce n’est pas l’absence de violence, c’est la présence de la Justice », aimait à dire Martin Luther KING. Il ne sert donc à rien de rechercher la paix quand l’on crée soi-même les conditions de l’accroissement des frustrations des victimes que l’on veut obliger à faire amende honorable face aux bourreaux.
Nul ne peut imposer le pardon quand les conditions de réalisation de ce pardon ne sont pas remplies. Vérité et Justice, voilà les piliers de toute société qui veut se relever et qui veut se réconcilier.
Au moment où le Lieutenant-colonel Damiba tente de passer en force, je me permets d’interpeller les ex-présidents Roch Marc Christian Kaboré, Michel Kafando et Yacouba Issac Zida afin qu’ils se démarquent clairement de cette mascarade qui tend vers une réconciliation amnésie. Une telle réconciliation, en réalité basée non pas sur le pardon, mais plutôt sur un oubli forcé et contraint, n’aura pour seul effet que de renforcer davantage les divisions et les maux qui minent notre pays.
A l’image de la journée nationale du pardon organisée il y a 20 ans par le même Blaise Compaoré, la théâtralisation de l’Union entre les filles et fils d’une Nation ne peut aboutir aucunement à une Union sacrée authentique.
Le pouvoir du MPSR donne ainsi l’impression que tout a été saboté dans la lutte contre le terrorisme afin de légitimer un coup d’état et d’imposer une pseudo-réconciliation dans le but de rétablir un ordre politique passé et dépassé qui s’oppose aux intérêts de notre peuple. Tout laisse ainsi voir qu’en prenant une telle initiative, il a choisi de poignarder le peuple burkinabé dans le dos en violant allégrement le serment qu’il a prêté : « Je jure devant le peuple Burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, l’acte fondamental et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso ».
Il ne fait aucun doute que le peuple du Burkina saura, comme il l’a déjà fait par le passé, lui opposer une réaction prompte, appropriée et à la hauteur de la défiance.
Messieurs les anciens Présidents du Faso Michel Kafando, Roch Marc Christian Kaboré, Yacouba Isaac Zida, vous qui avez eu le privilège de servir le Burkina Faso au plus haut niveau de ses institutions et à un moment particulier de son histoire héroïque, votre responsabilité historique est engagée dans ces moments difficiles qu’il traverse. L’histoire en tiendra compte et votre choix de jouer le jeu du peuple ou celui d’un pouvoir en panne de vision est déterminant.
Sachez rester du bon côté de l’histoire. N’accompagnez pas le Lieutenant-colonel Damiba dans son projet de parjure. N’en soyez pas complices. Votre honneur et votre crédibilité sont en jeu et ils nous sont chers ainsi qu’à vos proches.
Nan lara an sara !